Qu’est-ce qu'un joint de mortier sur un mur de maçonnerie?
Un joint de mortier sur un mur de maçonnerie est l'espace rempli de mortier entre les unités de maçonnerie individuelles (comme les briques, les blocs de béton ou les pierres). Ces joints constituent environ 20 % de l'apparence finale d'un mur et sont essentiels à la fois pour la fonction structurelle et l'esthétique du bâtiment.
Rôle du joint de mortier
Les joints de mortier jouent plusieurs rôles cruciaux dans la maçonnerie :
- Liaison et stabilité : Ils lient ensemble les unités de maçonnerie, créant une structure solide et cohésive.
- Protection contre les éléments : Ils forment une barrière contre l'eau, l'air et l'humidité. Un joint bien fait est crucial pour l'étanchéité du mur.
- Perméabilité à la vapeur : Idéalement, le mortier devrait être plus perméable à la vapeur d'eau que les unités de maçonnerie, permettant au mur de "respirer" et d'évacuer l'humidité vers l'extérieur, réduisant ainsi les risques d'accumulation d'eau et de dommages liés au gel-dégel, particulièrement importants dans le climat canadien.
- Absorption des mouvements : Ils peuvent aider à absorber les légers mouvements structurels ou les dilatations et contractions dues aux variations de température. Des joints de dilatation spécifiques peuvent être incorporés pour gérer des mouvements plus importants.
- Esthétique : La couleur, le type et le profil des joints de mortier influencent considérablement l'apparence générale du mur. Ils peuvent correspondre à la couleur de la brique pour un aspect uniforme ou contraster pour un effet visuel différent.
Types de mortiers et profils de joints
Le choix du mortier est réglementé par des normes. Les mortiers sont généralement composés de ciment, de chaux hydratée et de sable, mélangés à de l'eau, avec parfois des adjuvants ou des pigments.
On trouve principalement deux types de mortier :
- Type N : Recommandé pour les murs porteurs et les murs de parement extérieurs. Il offre une résistance modérée et une bonne maniabilité.
- Type S : Offre une résistance plus élevée que le Type N et est souvent utilisé pour des applications nécessitant une plus grande force.
Les profils de joints (la forme donnée au mortier une fois appliqué) sont également variés et influencent la performance et l'esthétique :
- Joint concave (rond) : C'est l'un des profils les plus résistants à la pénétration de l'eau, car il est compacté avec un fer rond spécial.
- Joint en V : Semblable au joint concave, il est également bon pour repousser l'eau.
- Joint brossé ou lissé (Flush) : Le mortier est aligné avec la surface de la brique, donnant un aspect contemporain. Cependant, il peut être moins performant face à l'eau si le compactage n'est pas optimal.
- Joint incliné (Struck) ou en retrait (Weathered) : Ces joints ont une pente qui aide à diriger l'eau vers l'extérieur. Le joint "struck" est incliné vers le haut, tandis que le joint "weathered" est incliné vers le bas.
Un entretien régulier des joints de mortier est essentiel car les cycles de gel-dégel peuvent dégrader le mortier au fil du temps. Le "rejointoiement" (remplacement du mortier endommagé) est une pratique courante pour préserver l'intégrité et l'esthétique des murs de maçonnerie.
Quels sont les vérifications et les entretiens à réaliser sur un joint de mortier?
Voici les vérifications et les entretiens à réaliser :
1. Fréquence des vérifications
- Inspection visuelle générale (par le propriétaire ou le gestionnaire) : Au moins une fois par an, idéalement au printemps après le dégel, et à l'automne avant les grands froids.
- Inspection détaillée (par un professionnel qualifié - architecte, ingénieur ou maçon spécialisé) : Tous les 5 ans pour les immeubles assujettis aux règlements sur les façades (ex: au Québec, pour les bâtiments de 5 étages et plus). Une inspection plus fréquente peut être nécessaire pour les bâtiments plus anciens ou ceux présentant des problèmes récurrents.
- Après un événement météorologique majeur : Tempête de verglas, fortes pluies, vents violents, séisme mineur, etc.
2. Vérifications à réaliser (Inspection Visuelle)
- Détérioration du mortier :
- Fissures : Rechercher des fissures dans le mortier (horizontales, verticales, en escalier). Noter leur longueur, largeur et évolution. Les fissures capillaires peuvent être normales, mais des fissures plus larges ou évolutives peuvent indiquer des problèmes structurels ou des mouvements du bâtiment.
- Écaillage / Effritement (Spalling / Crumbling) : Le mortier se désagrège, s'effrite, ou de petits morceaux se détachent. C'est souvent dû à l'infiltration d'eau et aux cycles de gel-dégel.
- Joints manquants ou en retrait : Le mortier a disparu par endroits ou est fortement érodé.
- Perte d'adhérence : Le mortier ne colle plus aux unités de maçonnerie.
- Efflorescence : Présence de dépôts blancs et poudreux (sels) à la surface des briques ou du mortier. Indique une migration d'humidité à travers le mur et peut être un signe de problèmes d'étanchéité ou d'humidité excessive dans le mur.
- Déplacement des unités de maçonnerie :
- Briques/blocs/pierres desserrés ou bougeant : Tester doucement si des unités sont mobiles.
- Renflement (ventre de bœuf) ou affaissement (Bowing / Bulging) : Des sections du mur qui ne sont plus d'aplomb ou qui s'incurvent vers l'extérieur ou l'intérieur. Cela est un signe de problème structurel majeur et nécessite une intervention urgente.
- Infiltrations d'eau / Signes d'humidité :
- Taches d'humidité ou de moisissure : À l'intérieur du bâtiment, sur les murs adjacents à la maçonnerie.
- Coulées ou traces d'eau : Sur la façade elle-même.
- Végétation : Mousse, algues, ou plantes qui poussent dans les joints, ce qui indique de l'humidité et peut causer des dommages.
- État des éléments adjacents :
- Calfeutrage : Vérifier l'état du calfeutrage autour des fenêtres, portes, et autres pénétrations. Un calfeutrage défectueux peut permettre l'infiltration d'eau qui dégrade le mortier.
- Solins (flashing) : Assurer qu'ils sont bien positionnés et non endommagés, car ils dirigent l'eau loin du mur.
- Gouttières et descentes pluviales : S'assurer qu'elles sont propres, fonctionnelles et dirigent l'eau loin de la fondation et des murs.
- Végétation à proximité : Les arbres ou arbustes trop proches peuvent retenir l'humidité contre le mur ou leurs racines peuvent endommager la fondation.
3. Entretiens à réaliser
- Éliminer les saletés, la mousse et les algues avec une brosse à poils doux et de l'eau.
- Éviter les nettoyants chimiques agressifs ou les nettoyeurs haute pression qui peuvent endommager le mortier ou la maçonnerie.
- Rejointoiement (Repointing / Tuckpointing) :
- Quand ? Dès qu'une détérioration significative est observée (effritement, fissures importantes, perte d'adhérence) et avant que les problèmes ne s'aggravent et n'affectent l'intégrité structurelle.
- Identification du mortier existant : Important pour la compatibilité (composition, résistance, perméabilité à la vapeur) et l'esthétique. Idéalement, faire analyser un échantillon.
- Dégarnissage des joints : Enlever le mortier détérioré à une profondeur suffisante (généralement 2 à 2,5 fois l'épaisseur du joint), sans endommager les unités de maçonnerie.
- Nettoyage des joints : Enlever toute poussière et résidu. Humidifier les surfaces.
- Application du nouveau mortier : Utiliser un mortier compatible et l'appliquer en couches minces, en le compactant bien. Le profil du joint doit être choisi pour favoriser le rejet de l'eau (ex: concave ou en V).
- Cure : Protéger le nouveau mortier du séchage trop rapide (soleil, vent) et du gel pendant la période de cure (plusieurs jours, selon le mortier). La cure humide est essentielle.
- Conditions climatiques : Effectuer les travaux de rejointoiement lorsque la température de l'air est entre 5°C et 25°C, pour éviter le gel ou un séchage trop rapide.
- Réparation/Remplacement des éléments adjacents :
- Calfeutrage : Inspecter et remplacer le calfeutrage autour des ouvertures si des fissures ou une perte d'adhérence sont observées.
- Gouttières et descentes pluviales : Nettoyer régulièrement et réparer/remplacer si elles sont endommagées. S'assurer que l'eau est éloignée de la fondation.
- Amélioration du drainage : S'assurer que le terrain autour de l'immeuble s'éloigne de la fondation pour prévenir l'accumulation d'eau.
Considérations importantes:
- Cycles de gel-dégel : La principale cause de détérioration du mortier. Un mortier de rejointoiement doit être conçu pour y résister.
- Perméabilité du mortier : Le nouveau mortier doit être plus perméable à la vapeur d'eau que les unités de maçonnerie existantes pour permettre l'évacuation de l'humidité et éviter l'accumulation d'eau à l'intérieur du mur.
- Compatibilité du mortier : Le mortier de remplacement doit être compatible avec le mortier et les unités de maçonnerie d'origine en termes de résistance, de perméabilité et d'aspect. L'utilisation d'un mortier trop "dur" (à haute résistance) sur une maçonnerie ancienne plus "tendre" peut causer des dommages aux unités de maçonnerie elles-mêmes.
En suivant ces étapes, la durée de vie des murs de maçonnerie de l'immeuble sera maximisée, et les coûts de réparations majeures pourront être réduits.
Quels sont les intervenants et les professionnels qui réalisent les entretiens ou travaux de joints de mortier d'un immeuble?
L'entretien et les travaux sur les joints de mortier d'un immeuble impliquent différents intervenants et professionnels, en fonction de l'ampleur des travaux et des exigences réglementaires.
Voici les principaux acteurs et leurs rôles :
Pour les travaux d'entretien et de réparation (rejointoiement, etc.)
- L'Entrepreneur en maçonnerie / Briqueteur-maçon : C'est le professionnel le plus qualifié et expérimenté pour réaliser les travaux de rejointoiement, de remplacement de briques, de réparation de cheminées, d'installation de fers-angles et de linteaux. Au Québec, il doit posséder une licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) dans la catégorie appropriée (par exemple, 1.2 Maçonnerie).
- Importance de la licence RBQ : Cette licence est obligatoire pour toute entreprise qui exécute des travaux de construction et de rénovation au Québec. Elle garantit que l'entrepreneur respecte les normes et possède les compétences nécessaires.
- Spécialisation : Beaucoup d'entrepreneurs se spécialisent dans la restauration de maçonnerie, ce qui est crucial pour les bâtiments anciens ou patrimoniaux, car cela implique une connaissance des mortiers traditionnels (chaux, sable) et des techniques de rejointoiement spécifiques.
- L'Entrepreneur général : Si les travaux de maçonnerie s'inscrivent dans un projet de rénovation plus vaste (impliquant d'autres corps de métier comme la toiture, les fenêtres, etc.), un entrepreneur général peut coordonner l'ensemble des travaux, incluant ceux de maçonnerie, en sous-traitant à un maçon qualifié. Il doit aussi détenir une licence RBQ (catégorie appropriée).
- Le consultant en enveloppe du bâtiment : Ces firmes spécialisées (souvent composées de technologues, d'ingénieurs et d'architectes) peuvent être mandatées pour diagnostiquer des problèmes complexes d'infiltration d'eau ou de détérioration de la maçonnerie, et pour superviser les travaux de réparation.
En résumé pour le Québec :
- Pour les inspections obligatoires (Loi 122) : Architectes ou Ingénieurs.
- Pour l'exécution des travaux de rejointoiement et de réparation : Entrepreneurs en maçonnerie / Briqueteurs-maçons détenteurs d'une licence RBQ valide et dans la bonne catégorie. Il est fortement recommandé de choisir une entreprise spécialisée en restauration de maçonnerie pour un travail de qualité et durable.
- Pour un diagnostic approfondi ou une supervision : Technologues, Architectes, Ingénieurs en structure ou Consultants en enveloppe du bâtiment.
Il est toujours recommandé de demander plusieurs soumissions, de vérifier les références de l'entreprise (auprès de la RBQ pour la validité de la licence et l'historique de l'entreprise), et de s'assurer que les professionnels choisis ont une expertise spécifique en maçonnerie et en rejointoiement, surtout dans le contexte où le choix du bon mortier et les techniques d'application sont cruciaux pour la durabilité.